Comment vois-tu l’évolution de ton travail?

J’ai débuté la photographie il y a trois ans, en tant que modèle pour un ami qui voulait devenir semi-professionnel. De là, j’ai décidé de commencer à photographier parce que j’avais des images en tête, que je voulais matérialiser.

Depuis, je fonctionne toujours cette de manière, même si je suis beaucoup plus préoccupée par la technique, ce qui me bloque parfois. J’essaie pourtant de garder ma spontanéité, j’ai la chance d’avoir des amis avec qui je peux réaliser mes idées de manière totalement imprévue.

Cependant plus le temps passe, plus j’établis en parallèle à cela des projets à long terme, dans lesquels je tente de développer un maximum la réflexion sur la composition et la symbolique. De plus, je me rends compte que la passion est primordiale dans le domaine de la création, notamment au travers de mes collaborations. Je privilégie avant tout le moment de partage que représente la création d’un projet, et si la personne avec qui je travaille n’est pas dans l’ambiance ou tout simplement pas à l’aise, le rendu est souvent décevant. Au contraire, l’improvisation réserve parfois de bonnes surprises.

Comment es-tu devenue pro?

Je ne souhaite pas devenir pro, pour moi, tout cela doit rester un plaisir ! J’ai en revanche pu avancer, grâce à ma participation à l’ouvrage Le fort de la Pompelle et le Corps Expéditionnaire Russe de Marc Bouxin.

J’ai également de nombreux projets avec des modèles. Dont une collaboration à venir avec le modèle Kymaris, sur le thème de l’alchimie et des cabinets de curiosité.

J’ai aussi le projet de réaliser des séries de grandes « fresques » dans lesquelles se juxtaposeraient plusieurs scènes. J’ai envie de m’orienter vers ce genre de réalisation car j’ai jusque là surtout exploiter les possibilités de la nature morte, qui je pense, restera mon domaine de prédilection. J’ai des carnets complets d’idées et de projets.

Pourquoi cette orientation vers l’histoire?

Tout d’abord, j’ai une véritable passion pour l’histoire et notamment celle du costume. Il y a aussi clairement chez moi une influence de l’Art en général, et ce jusque dans mes choix d’orientation, je suis actuellement en licence d’Histoire de l’Art.

Ensuite, il y a un aspect plus personnel, qui vient de ma famille, dont la configuration est un peu atypique. En effet, mon grand père maternel était né en 1910, et grâce à lui, nous avons pu conserver une foule d’objets comme des photos des années 20 et autres traces du passé, qui m’inspirent beaucoup.

Je travaille également dans un musée, ce qui me permet d’être en contact avec des objets anciens et de visiter des lieux un peu extraordinaires. C’est par exemple grâce à cela que j’ai pu photographier une série sur la femme et la guerre, dans une des réserves du musée de la Reddition à Reims. C’était une petite pièce où étaient entreposés une vingtaine de mannequins en plastique portant des uniformes, autant dire que cela faisait un drôle d’effet !

Quels sont tes influences?

Elles ne sont pas forcément définies mais je citerais principalement Mucha, Gustave Doré, John William Waterhouse, Gustave Moreau, Odilon Redon, mais aussi les photographies anciennes en général et les portraits d’anonymes.

Pour certains projets, je m’inspire de tableaux précis, qui me parlent en particuliers, comme la Piéta de William Adolph Bouguereau ou Le Duel après le Bal de Jean-Léon Gérôme. Ce que je trouve intéressant dans le fait de travailler avec ces oeuvres, c’est de les confronter à notre quotidien.

L’histoire et l’art sont une base pour rêver, mais je ne fais que réinterpréter, avec les yeux d’une jeune femme de notre siècle, et cela, il ne faut pas l’oublier.

Ou a-t-on pu voir ton travail?

Pour l’instant vous pouvez le retrouver sur mon site Web, et j’ai également un projet d’exposition sur Nancy en 2017.